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BRUNO EST MORT
IN MEMORIAM

LES FLAMBOYANTS

SOUVENEZ-VOUS !
Ils sautèrent à Corinthe à Gabes, en Normandie
On les nommait Marienne, Bourgoin ou Conan
LES FLAMBOYANTS !
Ils étaient à Amherst, Salerne, Anzio et Cassino,
En Provence, en Ardennes,
Héroïques à Arnhem et vainqueurs sur l'Emst
LES FLAMBOYANTS !
 
SOUVENEZ-VOUS !
La RC4, les atroces mêlées.
Ils forgèrent leurs vertus, aux laves de Diên Biên Phu,
Phare de l'histoire et Histoire d'hommes s'il en fût.
Crucifiés dans les camps et les âmes mises à nu
Repoussant les frontières, de l'Amitié et du courage.
LES FLAMBOYANTS !
 
En attestent les champs, à perte de vue,
Où poussent entremêlés, anonymes mais unis,
En gerbe de sacrifices, les croix et les étoiles,
Et les croissants aussi.
SOUVENEZ-VOUS !
 
Les Aurès, les frontières, la grande Kabylie
Suez, Bizerte et aussi Kolwezi
Ils s'y battirent.
LES FLAMBOYANTS !
 
Ils étaient là en première ligne,
contre les chaînes du racisme,
L'intolérable, la tyrannie,
La barbarie.
LES FLAMBOYANTS !
 
Leurs compagnes? La souffrance,
Leur mère? La France.
SOUVENEZ-VOUS !
 
C'était hier, certains d'entre eux,
Certains d'entre nous, virent un matin d'été
S'éloigner la terre martyre.
Le coeur à marée haute, les yeux embrumés,
Ils ramenaient une poignée d'hommes
De femmes et d'enfants arrachés
A un insoutenable destin.
Et, sur la grève fumante
Montèrent les terribles prières
De nos frères abandonnés à l'horreur,
Nos frères dans le sang,
Nos frères dans les pleurs,
Les harkis trahis par la parole donnée.
Puissent-ils nous pardonner.
Puissions-nous regagner notre honneur.
SOUVENEZ-VOUS !
 
Sur nos écrans le ricanement narquois
Du chef assassin, des poseurs de bombes
Accusant de tortures.
LES FLAMBOYANTS !
Aussi, un soir de septembre à la pureté unique,
Quand les lourds rideaux des nuées s'écarteront,
Regardez, regardez et contemplez,
Les myriades de brevets
Qui scintillent sur les poitrines
DES FLAMBOYANTS !
 
Ils dînent, retrouvés, fraternels,
Au banquet éternel
A la table des preux présidé par l'Archange.
Alors sous les coups,  à genoux les hommes,
Mais debout les Paras.
Et, soyez fiers, très fiers
D'avoir été ou d'être encore
DES FLAMBOYANTS !
                                        
 
                                              Jean-Pierre GIORDANO