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Dernièrement, un ancien du Commando m’avisait par mail, que dans la revue de décembre de « Pieds noirs d’hier et d’aujourd’hui », à laquelle il est abonné, figurait un article relatant les circonstances du sauvetage de la stèle de Sidi ferruch en 1962, il ajoutait qu’il y avait lu mon nom en tant que participant, et me faisait parvenir copie du texte signé :« Commando Guillaume ». J’ai reconnu le texte intégral que nous avions publié sur notre site, tel quel, c’est à dire exempt de corrections. Mais sa publication dans votre périodique m’oblige à y apporter les rectificatifs nécessaires de manière à dissiper toute ambiguïté. Il est en grande partie, tiré de l'allocution prononcée par le Général de Division (CR) Christian LEMEE à la Redoute Béar à Port-Vendres le 14 juin 96. Le Général a d'ailleurs réalisé à cette occasion une plaquette très complète sur le monument, reconstitué à Port-Vendres en 1988. Or le Général était S/Lt au 3e RPIMa en 1962, chef de section à la 3e Cie. Le Lt Sévenier et moi-même appartenions au Cdo Guillaume qui avait été rattaché à ce régiment commandé par le Général Leborgne récemment décédé. C'est donc au 3e RPIMa que revient tout le mérite de ce sauvetage improvisé, auquel nous avons participé tous les trois. La dernière phrase: "Les temps ont bien changé"....... est une réflexion personnelle que je me suis permise en fonction de la conjoncture actuelle sujette à désinformation systématique. Le reste du texte présenté sur le site, provient d'ouvrages divers. De plus, les commentaires accompagnant les photos ne sont pas à leur place. La 1ère photo en haut à gauche représente le Mémorial à Sidi-Ferruch avant l'indépendance. La seconde plus bas à droite, le Mémorial reconstitué, à Port-Vendres. La 3e, EXCEPTIONNELLE, a été prise le 5 juillet 1962 du fort de Sidi Ferruch, base arrière de la Compagnie portée du 3ème RPIMa, et c'est Jean GODOT, retraité dans les Pyrénées, para à la CP en 1962, qui nous l'a confiée. On y voit la foule en furie qui hurle autour du Mémorial, cependant que de nombreux manifestants lancent des pierres sur le monument. On a même raconté qu'une pierre après avoir frappé le bas relief, aurait ricoché et blessé à l'oeil un manifestant, ce qui aurait brusquement calmé la foule surexcitée. Enfin, il convient de préciser que le Commando Guillaume n’a aucune prétention à revendiquer la signature de cet article, mais, qu’il aurait pu bénéficier en lieu et place, de la diffusion du lien de son site sur lequel il a été prélevé, et je saisis cette occasion pour remédier à cette omission en le communiquant immédiatement : www.commandoguillaume.com .Ainsi les nombreux Pieds noirs, et qui ont servi dans cette unité, et qui l’ont connue là-bas, pourront y avoir recours pour se retrouver. Et tous ceux qui s’intéressent à cette période de notre histoire, pourront y voir plus de mille photos et des textes retraçant l’épopée de cette unité d’élite.
Enfin, il convient maintenant de relater brièvement le déroulement de l’évènement : Il existait à cette époque au sein du 3ème ,une compagnie musulmane, qui, soit dit au passage, est rentrée en France avec le régiment, dont certains entretenaient des relations avec les membres de leur famille et la population locale, c’est ainsi que leur est parvenue une rumeur selon laquelle, la destruction du monument était projetée de manière imminente, par le FLN. Cf. la photo n°3. Ils ont fait part de ces intentions à leur hiérarchie, et il faut ici les en remercier. La nécessité de préserver cette stèle s’est alors imposée au Colonel Leborgne, qui a alerté ses officiers. Et l’opération de sauvetage a alors été décidée et préparée en secret. Il a été convenu d‘opérer de nuit car il aurait été imprudent, « politiquement », de s’y risquer de jour. Dans la nuit du 4 juillet 1962, un groupe d’officiers et de sous officiers dont je faisais partie a entrepris de démonter les fresques de la stèle, hélas, on faisait du solide dans le temps, et il s’est rapidement avéré que nous n’y arriverions pas avec des pioches, aussi nous nous sommes retirés, et le lendemain soir, les camarades ont employé les grands moyens : dynamitage, et bulldozer, Les fresques ont été récupérées, et les gravats poussés à la mer. Le lendemain ceux qui rêvaient de la détruire n’ont trouvé qu’un terrain plat. Par la suite les fresques dont certaines endommagées ont connu les pérégrinations justement narrées dans l’article de décembre 2007.
Et pour finir, aux anciens du Commando qui ignoraient jusqu’à ce jour l’existence du site, et à tous ceux qui nous ont connus, nous avons le plaisir de faire savoir que le Commando Guillaume qui avait été rattaché au prestigieux 3ème RPIMa puis dissous en janvier 63, renait de ses cendres puisque ce même régiment qui l’avait accueilli, le fait revivre en donnant son nom à son groupe de commandos
parachutistes.
Nous remercions Monsieur J.M Lopez Directeur de la publication et rédacteur en chef de « Pieds noirs d’hier et d’aujourd’hui » de nous avoir permis d’apporter ces éclaircissements, nous lui présentons nos meilleurs vœux ainsi qu’à tous ses lecteurs, et lui assurons que nous nous tenons à sa disposition pour d’autres précisions, sur cet évènement, ou sur d’autres questions relatives à cette triste période ou à l’histoire même du Commando Guillaume, qui ne l’oublions pas a été l’unité où a servi le, (vrai), « Crabe tambour ».
C'est avec mes camarades et amis, anciens du Commando ; André Fourmont et Jean-Claude Sanchez, que nous apportons cet éclairage.
Jacques Raymond
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L'INCROYABLE EPOPEE D' UN MONUMENT DE SIDI - FERRUCH A PORT - VENDRES. . . .
Extraits de la plaquette réalisée par le Général Lemée :
L'oeuvre d'Emile Gaudissart érigée en Algérie pour y célébrer le centenaire de la présence Française, échappe de justesse à la démolition par les fellaghas, les 4 et 5 juillet 62, est récupérée en catastrophe lors d'une opération commando montée par des officiers du 3éme RPIMa et du commando Guillaume, est ensuite ramenée en France par le 3 le 21 juillet, puis "oubliée" dans les sous-sols de l'école de St Maixent jusqu'en 1986 où quelques "bonnes volontés coriaces et tenaces", - Jean-Jacques Vila, Maire de Port-Vendres, Hélène et Roger Brasier, le Colonel Jacques Puigt, Jacques Farran, Paul Alduy-, unissent leurs efforts pour obtenir que le bas-relief en morceaux soit reconstitué et implanté dans l'enceinte de la redoute Bear, à Port-Vendres.
Le marbrier Raymond Berges de Perpignan est chargé de restaurer et de remonter l'ensemble. La nouvelle stèle qui représente deux femmes ( la France et l'Algérie ) est réimplantée le 14 juin 1988 sur le terre-plein de la redoute Bear.
Chaque année à cette date , une cérémonie commémorative se déroule sur le site.
Mémorial de Sidi-Ferruch 1830-1930
1988-1996
Intervention du Général Lemée le 14 juin 1996 à port-Vendres
Je suis heureux, à la demande du Colonel Puigt, de vous convier à un bref retour sur les hauteurs de Sidi-Ferruch avec plus de trois décennies de recul et je me propose, brièvement, de vous apporter le témoignage des journées de juillet 62 qui ont abouti à la récupération par la France du monument commémoratif du débarquement de l'armée Française en Algérie en 1830.
Nous sommes donc à Sidi-Ferruch, garnison du 3éme RPIMa dont une compagnie est cantonnée à faible distance du monument.
Le processus de l'indépendance algérienne se termine et, en prévision d'une manifestation du FLN devant le monument, le régiment est consigné au quartier. Ce régiment comporte une unité autochtone -une des rares, soit dit en passant qui ait été rapatriée sur ce que l'on appelait alors la Métropole avec les autres unités du régiment-. Des rumeurs recueillies par cette unité musulmane font craindre que le monument pourrait être l'objet d'une tentative de destruction par le FLN. Avec la prudence qu'impose la relation de faits datant de 34 ans mais en me plaçant sous le contrôle de deux de mes compagnons de régiment présents aujourd'hui, Pierre Sevenier et Jacques Raymond, je peux ici dire que la récupération des éléments du monument s'est déroulée en deux temps :
- Dans la nuit du 4 juillet tout d'abord, un petit groupe de jeunes officiers et sous-officiers entreprend de démonter les plaques gravées sous le bas- relief de Gaudissart, avec je le reconnais un médiocre résultat et les restes, qui se trouvent dans la redoute Bear sont le résultat de cette difficulté.
- Le lendemain la population algérienne se dirige vers le monument, toujours debout mais privé de ses inscriptions, et quelques manifestants excités commencent à l'attaquer à la pioche.
C'est alors que, avec l'accord du Colonel Leborgne, Chef de Corps la compagnie du capitaine Langlois décide, après d'âpres palabres, de procéder à la démolition en ayant recours notamment a des moyens lourds, dont l'usage d'explosifs. Lorsque les manifestants sont revenus sur les lieux, ils n'ont trouvé qu'une ruine.....
Ce sont donc des soldats Français qui ont opéré dans cette affaire, et qui bien entendu en ont profité pour récupérer les 6 tonnes de marbre qui composaient le bas-relief.
Rapatriés sur Carcassonne puis sur Montpellier et enfin sur Niort, ces restes ont, grâce aux efforts de nombreux catalans dont le Colonel Puigt, M. le député Farran, M. le Maire de Port-Vendres, rejoints par les associations de rapatriés d'Algérie dont Mme et M. Brasier, la suite heureuse que nous avons à côté de nous.
Par la puissance du symbole qu'elle représente, par son caractère presqu'unique de 130 années de présence Française en Algérie, cette stèle devait être sauvegardée et restituée à la population Française. C'est qu'en effet, malgré des moments souvent difficiles, des décisions parfois critiquables, la présence Française en Algérie a été, comme l'a écrit Arthur Conte un des points forts de l'épopée de la France outre-mer, je le cite :
- "Les jeunes générations ne savent à peu près rien des empires Européens. . .de l'héroïsme et des mérites d'innombrables colons, soldats ou moines, médecins ou ingénieurs, marins ou maîtres d'écoles. . .Ele est, d'une manière générale, superbe, l'épopée coloniale de la France. Elle comporte même nombre de pages sublimes. . .".
Même s'il faut singulariser l'Algérie dans ce dispositif car elle y a une place à part et un statut original, - ne serait -ce que parce que dés 1848 plus d'un million d'Européens y vivaient - cette appréciation flatteuse sur l'action de la France hors de l'héxagone fait partie du legs que nous avons à transmettrre à nos successeurs.
C'est dans cet esprit qu'ont agi en 1962 les parachutistes du 3éme RPIMa. J'ai été fier de vous faire le récit de cet évènement dont j'ai été un témoin privilégié.
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Cette stèle mesure 5 mètres de haut sur 3 mètres 50 de large. La redoute Bear où elle se dresse fièrement, est un bastion fortifié du XVIIIe siecle construit sur les ordres de Vauban; il est la propriété de la chambre de commerce et d'industrie et sa gestion a été confiée à l'association des Amis de Sidi-Ferruch.
Inaugurée à l'origine, le 5 mai 1930, par le Président de la République Gaston Doumergue, elle mesurait 15 mètres de hauteur, créée par le sculpteur Emile Gaudissart (né à Alger en 1872 ) elle se composait d'un bas-relief symbolisant sous les traits de deux femmes, l'union de l'Algérie à la France.

Photo du 05 juillet 1962 : Le mémorial est assailli par une foule musulmane en délire.
L'inscription qui y figure est la reprise du texte gravé par Latour à l'entrée du fort de Sidi-Ferruch :
- " Ici le 14 Juin 1830 - par ordre du Roi Charles X sous le comm. du G. de Bourmont-, l'armée Française vint arborer ses drapeaux, rendre la liberté aux mers, donner l'Algérie à la France ".
Y était ajouté :
- " Cent ans après, la République Française ayant donné à ce pays la prospérité, l'Algérie reconnaissante adresse à la mère patrie l'hommage de son impérissable attachement ".
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Les temps ont bien changé. . . . . "BREVET n°184476"
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Pour l’honneur et la mémoire de la France
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Chef de la 2° section de la 60° Compagnie du Génie Aéroporté issue du 17° Bataillon du Génie Aéroporté de Castelsarrazin, détaché auprès du 3° Régiment de Parachutiste coloniaux, commandé par le Colonel LEBORGNE, alors cantonnés dans le fort de Sidi Ferruch, je reçois l’ordre d’aller reconnaître le Monument commémoratif de la conquête de l’Algérie en 1830, qui portait les plaques avec inscription des morts, monument que nous savions devoir être profané par les djounouds de la willaya et la population, deux jours plus tard, jour de l’indépendance. Cet édifice qui faisait un peu plus de 20m de haut sur environ 8 de large, posait le problème de desceller les plaques de marbre, portant les inscriptions sans les casser, l’opération pris deux jours, mais malgré nos efforts la maçonnerie support ne fut pas détruite, la manifestation ayant lieu le lendemain, décision fut prise de remettre à plus tard cette destruction avec des moyens appropriés. Le jour de la « manif » nous étions quelques 800 Paras, à observer depuis le fort les événements, défilé militaire, discours, puis la foule délirante, chacun venant devant la maçonnerie toujours debout, l’insultant, chacun jetant une pierre dessus, un des lanceurs, après l’avoir longuement haranguée, jeta violemment sa pierre, celle-ci rebondit lui retomba sur la tête, et il s’écroula assommé ; huit cent éclats de rire accompagnèrent cet épisode « Allahou akbar », le monument s’ était vengé. Le soir même 30 kg de TNT eurent raison de ce qui restait, et ce au nez et à la barbe du FLN qui n’en est pas encore revenu |

La manifestation le jour de l’indépendance Soigneusement emballé, le monument est maintenant reconstruit à PORT VENDRES ou chacun peut le visiter Lt Cel (ER) Jean PUISSEGUR |